Et si s’accepter comme on est, c’était commencer à vivre pour de vrai ?
À 17 ans, Louve est la victime des Royals, ces élèves populaires qui la harcèlent au lycée comme sur les réseaux sociaux jusqu’à la pousser au pire. Mais quand on touche le fond, il n’y a plus qu’une chose à faire : remonter.
Aidée de sa famille, parfois maladroitement, Louve décide de rendre les coups et se rapproche du plus cruel de tous, l’intouchable Lazare Nightingale.
Sous ses boucles brunes, Laz ne cherche qu’une chose : qu’on lui fiche la paix. Et tant pis si pour ça, il doit se montrer odieux. Mais il n’imagine pas encore que sous la fragilité de Louve se cache une guerrière. Ni que son attirance pour elle va peu à peu briser ses barrières.
Emma Green nous plonge dans l’histoire d’un premier amour qui sauve la vie...
***
Je rejoins ma chambre à presque une heure du matin, regonflée par cette discussion sincère. Et comme si ça ne faisait pas assez pour une seule nuit, je découvre sur mon portable que j’ai reçu un SMS de Laz il y a quelques minutes. Je l’ouvre, un peu fébrile, en me demandant s’il va se montrer cruel pour éviter que je me fasse des films, s’il va jouer l’indifférent pour me parler d’autre chose, s’il va encore ironiser sur ce moment qui n’avait vraiment « rien de transcendant » juste pour me torturer.
Mais son message est bien plus direct que ça :
[Je sais d’avance que tu ne viendras pas,
mais si tu l’oses, je t’attends chez moi.]
Nouveau feu d’artifice à l’intérieur de mon corps. Je lui réponds sur un coup de tête, sans faire de manières :
[Cette nuit ? Là, maintenant ?]
[Oui, tout de suite. Puisque tu fais ta grande
avec l’infirmière et mes MST, viens donc
me prouver que t’en es une…]
[Alors j’avais raison, tu en as ?]
[Non. Mais j’ai d’autres choses pour toi.
Tu viens ou pas ?]
[Peut-être. Tu verras.]
En réalité, la réponse est oui. Je ne réfléchis plus : je dégage ma couette, je bondis sur mes pieds, j’enfile des fringues, je descends à pas de louve jusqu’au rez-de-chaussée, attrape mon casque et mes clés, et je quitte ma maison silencieuse.
Je saute sur mon scooter et je traverse Beacon Hill pour rejoindre Back Bay. J’ai mille fois le temps de me demander si je devrais faire demi-tour, si c’est une connerie, si je vais vraiment lui offrir ma première fois, s’il la mérite ou pas, si j’aurai le courage de dire non au cas où je change d’avis, s’il va être doux comme je le crois, si c’est juste un piège et qu’il ne veut pas de moi, si j’ai mis le bon soutif noir, celui qui a un peu de dentelle mais qui ne fait pas vulgaire, et la bonne culotte qui n’a pas de petit nœud, qui ne fait pas gamine et ne me laisse pas de marques sur les fesses, si Willa me dirait de foncer et de vivre, ou de m’arrêter et de réfléchir. Vivre. Ils veulent tous que je vive.
La Vie en vrai, d’Emma Green, histoire intégrale.
