« Tout ici déracine l’être de lui-même ; le silence profond, la solitude où la pensée frappe de ses ailes les sommets tourmentés des montagnes ; tout cela vous emporte loin, bien loin de votre existence.
Rien n’est beau comme la mer, si ce n’est le cyclone.
Le ciel et la terre sont unis dans la même nuit, traversée d’éclairs, pleine du bruit des vents et des flots.
Il est possible que des émiettements et des émergements d’îles aient lieu dans ces tourmentes. Peut-être en venons-nous ?
Qui sait !
Nous avons vu deux cyclones ; l’un de nuit, c’était le plus grand ; l’autre de jour, il fut plus terrible mais d’un aspect moins dramatique.
Tous deux ont été précédés dès la veille, au lever et au coucher du soleil, de nuages rouges mêlés à d’énormes nuages noirs, ils flottaient ensemble, tantôt le rouge faisant une lueur d’aurore sur le noir, tantôt le noir jetant un crêpe sur le rouge.
Puis, ils se sont frangés, estompés, mêlés et enfin tout est devenu noir.
Un grand silence, dans lequel on ne sentait pas un souffle d’air, se fait avant la tempête, pas une feuille ne bouge, pas un insecte ne vole.
Les animaux domestiques nous suivent inquiets.
Le baromètre descend toujours, le noir du ciel descend sur la mer.
C’est au milieu de ce calme immense que la tourmente éclate.
La mer ne mugit pas, elle rauque avec fureur.
Le vent nous enveloppe, frappant de grands coups d’ailes ; de tous les côtés, la pluie se verse pareille à une mer et rien n’arrête ni le vent, ni la pluie, ni les flots. »
Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.
