Voulons-nous encore vivre ensemble ?
Cette question commençait à poindre, en Occident, devant l’étrangeté de nos « sociétés d’individus » : la montée de l’isolement et des égoïsmes, la conflictualisation des rapports, l’enfermement identitaire, la violence désinhibée, les attentats, et aussi le souffle de plus en plus proche de la guerre et des massacres.
Avec la crise du Covid, la population de notre planète a partagé l’expérience inédite d’une suspension de la vie collective qui en a révélé les fêlures. L’ombre d’un doute a surgi : est-ce que cette vie commune en vaut vraiment la peine ?
Chacun a pu alors se demander à quoi il tenait vraiment. En Europe, l’esprit critique s’est emballé. On a médité sur l’essentiel et le superflu, parfois pour les inverser. Que ce soit pour manger, causer, voter, travailler, rouler, coucher, habiter, procréer… certains en sont venus à se demander si la part des autres était si indispensable.
Au fond, la vie commune ne va plus de soi, comme si elle avait perdu son évidence et son innocence. Vivre avec autrui ? Voilà, désormais, qui demande réflexion !
Pourquoi ? Comment ? Et avec qui ?
Pierre-Henri Tavoillot est philosophe. Président du Collège de philosophie, il enseigne à Sorbonne Université.
Il a notamment publié Comment gouverner un peuple-roi ?, De mieux en mieux et de pire en pire, ainsi que, avec François Tavoillot, L’Abeille (et le) Philosophe. Étonnant voyage dans la ruche des sages. Il a codirigé la publication du colloque Après la déconstruction.