La pierre rejetée par les bâtisseurs: L’«intrication prophétique» des Écritures - Menahem R. Macina

La pierre rejetée par les bâtisseurs: L’«intrication prophétique» des Écritures

Par Menahem R. Macina

  • Date de sortie: 2013-06-06
  • Genre: Étude biblique

Description

L’auteur a remarqué une particularité du texte biblique qui présente une analogie avec un phénomène mis en évidence par la mécanique quantique. Il semble en effet que, pour paraphraser une définition de ce phénomène, dans certaines conditions, deux passages bibliques se retrouvent dans un état d’intrication, tel qu’ils ne forment plus qu’un seul système dans un sens subtil. Dès lors, toute observation effectuée sur l’un des passages affecte l’autre, et ce quelles que soient leurs différences littéraires et la distance chronologique qui les sépare.
C’est le cas du Psaume 69, 6, qui, parmi plusieurs oracles prophétisant les souffrances du Christ, émet ces mots qui semblent s’appliquer au peuple juif par intrication prophétique : «Ô Dieu, tu sais ma folie, mes offenses sont à nu devant toi». Or le Christ des chrétiens n’a pas péché. Autre cas : la prescription du livre de l’Exode concernant l’agneau pascal : «Vous ne briserez aucun de ses os» (Ex 12, 46 ; Nb 9, 12), que l’Évangile de Jean considère comme une prophétie dont l’accomplissement a lieu quand le centurion, constatant que Jésus est déjà mort, s’abstient de lui briser les jambes (Jn 19, 36).
Le titre du livre illustre le changement radical de perspective qu’induit cette découverte. Pour les chrétiens, Jésus est «la pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs», dont le Psaume 118 (v. 22), suivi par le Nouveau Testament (Mt 21, 42 ; Ac 4, 11, etc.), affirme qu’elle «est devenue la pierre d’angle». Pourtant, il se peut que ce verset ait aussi, une autre portée, eschatologique, en la personne collective du peuple juif qui, au temps connu de Dieu, constituera, à son tour, cette pierre, rejetée par les nations, dans l’indifférence complice d’une partie de la chrétienté (cf. Mt 5, 13 et Rm 11, 20), persuadée que c’est elle qui porte la racine et non l’inverse (Rm 11, 18). Il est écrit en effet : «en ce jour-là je ferai de Jérusalem une pierre pesante pour tous les peuples, et tous ceux qui la soulèveront se blesseront grièvement. Et contre elle se rassembleront toutes les nations de la terre.» (Za 12, 3).
Si cette particularité est bien inhérente à la portée prophétique dont Dieu a «équipé» sa Parole, il se peut qu’elle aide les chrétiens à entrer dans ce «mystère [...] porté à la connaissance de toutes les nations afin qu’elles obéissent à la foi.» (Rm 16, 25-26). C’est peut-être, suggère l’auteur de cette obéissance-là que parle Pierre, en ces termes : «À vous donc, qui croyez, l’honneur, mais pour les incrédules, la pierre qu’ont rejetée les constructeurs, celle-là est devenue la tête de l’angle, pierre d’achoppement et roc qui fait tomber» (1 P 2, 7-8). Or, les chrétiens croient que seul le judaïsme incrédule est visé par cet oracle, alors qu’il a aussi pour but de les mettre en garde de ne pas rejeter le dessein de Dieu, sous peine d’être «retranchés, eux aussi» (cf. Rm 11, 22), comme il est écrit : «Avec colère, avec fureur, je tirerai vengeance des nations qui n’ont pas obéi». (Mi 5, 14).

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