Conséquences du système de cour établi sous François 1er - Pierre-Louis Roederer

Conséquences du système de cour établi sous François 1er

Par Pierre-Louis Roederer

  • Date de sortie: 1835-01-01
  • Genre: Histoire de l’Europe

Description

On répète souvent cette conclusion du jugement porté par Anquetil sur François Ier: 'Ses défauts n'ont affligé que son siècle, et nous jouissons des fruits de ses bonnes qualités'. Anquetil et la plupart de ses lecteurs se sont persuadé que cette conclusion caractérisait un règne dont la probité interdit l'éloge, et pour lequel néanmoins la sévérité paraît difficile, ne fût-ce que par le défaut d'exemples qui y disposent. On se flatte bonnement de satisfaire la justice, en avouant d'abord que ce règne a été une calamité pour la partie du seizième siècle à laquelle il s'étend, et en avançant ensuite qu'il a jeté dans la nation des semences de bien dont les siècles suivants ont opéré le développement, et auxquelles nous devons aujourd'hui de douces et nobles jouissances. Quand j'ai parlé de cette opinion à la fin de mon Mémoire concernant François Ier, j'ai craint d'en trop dire; je vois, par les observations qui m'ont été faites, que je n'ai point dit assez, et je reprends la récapitulation de quelques parties de ce règne. Quels furent donc les défauts et les bonnes qualités de François Ier, quelles furent les calamités dont ses défauts affligèrent son siècle, et quelles sont les jouissances que nous devons à ses bonnes qualités? 'Ce prince, dit Anquetil, était indiscret jusqu'à l'imprudence, léger, imprévoyant. Il fit des femmes de sa cour des objets de scandale. Il avait l'amour du luxe et des plaisirs: voilà ses défauts. Les fêtes, les spectacles, le faste de sa cour lui coûtaient autant que la guerre; ses guerres et ses négociations furent toutes aussi malheureuses les unes que les autres: voilà ses fautes'. En revanche, dit toujours Anquetil, il était affable, éloquent, loyal; il aimait les sciences; il affectionnait et honorait les savants; il avait des mœurs douces et polies: telles furent ses bonnes qualités. La politesse de sa cour, à laquelle nous devons la douceur et l'élégance de mœurs qui fixent sur la France les regards charmés des étrangers; la restauration des lettres, l'essor qu'elles ont pris, la hauteur où notre littérature s'est élevée et se soutient depuis près de deux siècles; tels sont, selon Anquetil, les heureux fruits de ses bonnes qualités, dont nous jouissons'.

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